Sur les vaines occupations des gens
Sur les vaines occupations des gens du siècle.
(Tiré des oeuvres d’Isaïe et de Jérémie.)
Quel charme vainqueur du monde
Vers Dieu m’élève aujourd’hui ?
Malheureux l’homme qui fonde
Sur les hommes son appui !
Leur gloire fuit et s’efface
En moins de temps que la trace
Du vaisseau qui fend les mers,
Ou de la flèche rapide
Qui, loin de l’œil qui la guide,
Cherche l’oiseau dans les airs.
De la sagesse immortelle
La voix tonne et nous instruit.
Enfants des hommes, dit-elle,
De vos soins quel est le fruit
Par quelle erreur, âmes vaines,
Du plus pur sang de vos veines
Achetez-vous si souvent,
Non un pain qui vous repaisse,
Mais une ombre qui vous laisse
Plus affamés que devant ?
Le pain que je vous propose
Sert aux anges d’aliment ;
Dieu lui-même le compose
De la fleur de son froment :
C’est ce pain si délectable
Que ne sert point à sa table
Le monde que vous suivez.
Je l’offre à qui me veut suivre.
Approchez. Voulez-vous vivre ?
Prenez, mangez, et vivez.
Ô Sagesse ! ta parole
Fit éclore l’univers,
Posa sur un double pôle
La terre au milieu des airs.
Tu dis ; et les cieux parurent,
Et tous les astres coururent
Dans leur ordre se placer.
Avant les siècles tu règnes.
Et qui suis-je, que tu daignes
Jusqu’à moi te rabaisser ?
Le Verbe, image du Père,
Laissa son trône éternel,
Et d’une mortelle mère
Voulut naître homme et mortel.
Comme l’orgueil fut le crime
Dont il naissait la victime,
Il dépouilla sa splendeur,
Et vint, pauvre et misérable,
Apprendre à l’homme coupable
Sa véritable grandeur.
L’âme, heureusement captive,
Sous ton joug trouve la paix,
Et s’abreuve d’une eau vive
Qui ne s’épuise jamais.
Chacun peut boire en cette onde ;
Elle invite tout le monde :
Mais nous courons follement
Chercher des sources bourbeuses,
Ou des citernes trompeuses
D’où l’eau fuit à tout moment.