Épitaphe pour un lièvre

Jean Richepin
par Jean Richepin
0 vues
0.0

Au temps où les buissons flambent de fleurs vermeilles,
Quand déjà le bout noir de mes longues oreilles
Se voyait pardessus les seigles encor verts,
Dont je broutais les brins en jouant au travers,
Un jour que, fatigué, je dormais dans mon gîte,
La petits Margot me surprit. Je m’agite,
Je veux fuir. Mais j’étais si faible, si craintif !
Elle me tint dans ses deus bras : je fus captif.
Certe elle m’aimait bien, la gentille maîtresse.
Quelle bonté pour moi, que de soins, de tendresse !
Comme elle me prenait sur ses petits genoux
Et me baisait ! Combien ses baisers m’étaient doux !
Je me rappelle encor la mignonne cachette
Qu’elle m’avait bâtie auprès de sa couchette,
Pleine d’herbes, de fleurs, de soleil, de printemps,
Pour me faire oublier les champs, les libres champs.
Mais quoi ! l’herbe coupée, estce donc l’herbe fraîche ?
Mieux vaut l’épine au bois que les fleurs dans la crèche.
Mieux vaut l’indépendance et l’incessant péril
Que l’esclavage avec un éternel avril.
Le vague souvenir de ma première vie
M’obsédant, je sentais je ne sais quelle envie ;
J’étais triste ; et malgré Margot et sa bonté
Je suis mort dans ses bras, faute de liberté.

La chanson des gueux

Jean Richepin

Qu’en pensez-vous ?

Partagez votre ressenti pour Jean Richepin

Noter cette création
1 Étoile2 Étoiles3 Étoiles4 Étoiles5 Étoiles Aucune note
Commenter

Les poètes sont les gardiens des rêves. Rejoignez notre confrérie, comme un Rimbaud moderne, et rêvez avec nous.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


Aucun poème populaire trouvé ces 7 derniers jours.

Nouveau sur LaPoesie.org ?

Première fois sur LaPoesie.org ?


Rejoignez le plus grand groupe d’écriture de poésie en ligne, améliorez votre art, créez une base de fans et découvrez la meilleure poésie de notre génération.