La petite qui tousse

Jean Richepin
par Jean Richepin
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Les aiguilles des vents froids
Prennent les nez et les doigts
Pour pelote.
Quel est sur le trottoir blanc
Cet être noir et tremblant
Qui sanglote ?

La pauvre enfant ! Regardez.
La toux, par coups saccadés,
La secoue,
Et la bise qui la mord
Met les roses de la mort
Sur sa joue.

Les violettes sont moins
Violettes que les coins
De sa lèvre,
Que le dessous de ses yeux
Meurtri par les baisers bleus
De la fièvre.

Tousse ! tousse ! Encor ! Tantôt
On croit ouïr le marteau
D’ une forge ;
Tantôt le râle plus clair
Comme un clairon sonne un air
Dans sa gorge.

Tousse ! tousse ! tousse ! Encor !
Oh ! le rauque et dur accord
Qui ricane !
Ce clairon large et profond
Sonne pour ceux qui s’en vont
La diane.

Tousse ! C’est le cri perçant
Du noyé lourd qui descend
Sous l’écume,
Tousse ! C’est lointain, lointain,
Ainsi qu’un glas qui s’éteint
Dans la brume.

Tousse ! tousse ! un dernier coup !
Elle laisse sur son cou
Choir sa tête,
Tel sous la bise un flambeau ;
Et pour la paix du tombeau
Elle est prête.

Elle épousera ce soir,
Sans bouquet, sans encensoir,
Sans musiques,
Plus tôt qu’on n’aurait pensé,
L’hiver, ce vieux fiancé
Des phtisiques.

La chanson des gueux

Jean Richepin

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