Neige Soleil
Blanc bleu
blanc dans le bleu
pâle et blanc dans le bleu
Bleu pâle je dors bleu pâle je veille bleu de soleil je suis je vis
Je vois je parle j’entends je suis mille
cent mille par le blanc par le bleu
pâle éclatant chaleur mon front les yeux
Veiller dormir souffrir ébloui
bleu dans les branches blanc sous le ciel
blanche et bleue la montagne.
Joyeux
le train court vers le terme
tout s affirme et s’enfuit.
Sans cette mort comment vivre ?
Sous mes pas quel espace ?
Sans cet instant quel destin ?
Le blanc l’ombre bleue dieux visibles
dieux périssables
Une seconde pour brûler mes ténèbres.
Je suis fait de mille fenêtres
ouvertes au blanc au bleu à leurs jeux
aux feux multiples aux couleurs aux ombres
(les chocs sourds le rythme connu)
au sable à la neige au soleil
à mon défi à ma mort à mon silence
sources cachées sous les mots.
Le blanc le bleu, ce que je vois
je le vois, ce que je suis
je le suis contre toute entrave
Je crois je crains j’aime ce que j’entends
j’aime ce rythme sans figure.
Tant qu’il bat mon cœur bat
je vais où je vais je vis je meurs
je crois à tout ce que je crois
même au prestige dévorant.
Je suis je vis longeant ma mort célébrant un temps menacé chantant la gloire d’un souffle
Je te chéris neige tombée
blanche et bleue
qui me brûle m’illumine
et déjà disparais
dans le terrible
rire
du soleil.
Jean Tardieu