Ce brave qui se croit pour un jaque de maille
Sonnet LXXI.
Ce brave qui se croit, pour un jaque de maille,
Être un second Roland, ce dissimulateur,
Qui superbe aux amis, aux ennemis flatteur,
Contrefait l’habile homme et ne dit rien qui vaille,
Belleau, ne le crois pas : et quoiqu’il se travaille
De se feindre hardi d’un visage menteur,
N’ajoute point de foi à son parler vanteur,
Car jamais homme vaillant je n’ai vu de sa taille.
Il ne parle jamais que des faveurs qu’il a :
Il dédaigne son maître, et courtise ceux-là
Qui ne font cas de lui : il brûle d’avarice :
Il fait du bon chrétien, et n’a ni foi ni loi :
Il fait de l’amoureux, mais c’est, comme je crois,
Pour couvrir le soupçon de quelque plus grand vice.