C’était ores, c’était qu’à moi je devais vivre

Joachim du Bellay
par Joachim du Bellay
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Sonnet XXXVII.

C’était ores, c’était qu’à moi je devais vivre,
Sans vouloir être plus que cela que je suis,
Et qu’heureux je devais de ce peu que je puis
Vivre content du bien de la plume et du livre.

Mais il n’a plu aux dieux me permettre de suivre
Ma jeune liberté, ni faire que depuis
Je vécusse aussi franc de travaux et d’ennuis,
Comme d’ambition j’étais franc et délivre.

Il ne leur a pas plu qu’en ma vieille saison
Je susse quel bien c’est de vivre en sa maison,
De vivre entre les siens sans crainte et sans envie :

Il leur a plu (hélas) qu’à ce bord étranger
Je visse ma franchise en prison se changer,
Et la fleur de mes ans en l’hiver de ma vie.

Joachim du Bellay

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