Douce mère d’amour, gaillarde Cyprienne
Sonnet XCIII.
Douce mère d’amour, gaillarde Cyprienne,
Qui fais sous ton pouvoir tout pouvoir se ranger,
Et qui des bords de Xanthe à ce bord étranger
Guidas avec ton fils ta gente dardanienne,
Si je retourne en France, ô mère idalienne,
Comme je vins ci, sans tomber au danger
De voir ma vieille peau en autre peau changer,
Et ma barbe française en barbe italienne,
Dès ici je fais vœu d’apprendre à ton autel,
Non le lys, ou la fleur d’amarante immortel,
Non cette fleur encore de ton sang colorée :
Mais bien de mon menton la plus blonde toison
Me vantant d’avoir fait plus que ne fit Jason
Emportant le butin de la toison dorée.