Ne t’ébahis, Ronsard, la moitié de mon âme
Sonnet VIII.
Ne t’ébahis, Ronsard, la moitié de mon âme,
Si de ton Du Bellay France ne lit plus rien,
Et si avec l’air du ciel italien
Il n’a humé l’ardeur qui l’Italie enflamme.
Le saint rayon qui part des beaux yeux de ta dame
Et la sainte faveur de ton prince et du mien,
Cela, Ronsard, cela, cela mérite bien
De t’échauffer le cœur d’une si vive flamme.
Mais moi, qui suis absent des rais de mon soleil,
Comment puis-je sentir échauffement pareil
À celui qui est près de sa flamme divine ?
Les coteaux soleillés de pampre sont couverts,
Mais des Hyperborées les éternels hivers
Ne portent que le froid, la neige et la bruine.