Nous ne sommes fâchés que la trêve se fasse
Sonnet CXXIII.
Nous ne sommes fâchés que la trêve se fasse :
Car bien que nous soyons de la France bien loin,
Si est chacun de nous à soi-même témoin
Combien la France doit de la guerre être lasse.
Mais nous sommes fâchés que l’espagnole audace,
Qui plus que le Français de repos a besoin,
Se vante avoir la guerre et la paix en son poing,
Et que de respirer nous lui donnons espace.
Il nous fâche d’ouïr nos pauvres alliés
Se plaindre à tous propos qu’on les ait oubliés,
Et qu’on donne au privé l’utilité commune.
Mais ce qui plus nous fâche est que les étrangers
Disent plus que jamais que nous sommes légers,
Et que nous ne savons connaître la fortune.