Quand je vais par la rue, où tant de peuple abonde

Joachim du Bellay
par Joachim du Bellay
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Sonnet XCIX.

Quand je vais par la rue, où tant de peuple abonde,
De prêtres, de prélats, et de moines aussi,
De banquiers, d’artisans, et n’y voyant, ainsi
Qu’on voit dedans Paris, la femme vagabonde :

Pyrrhe, après le dégât de l’universelle onde,
Ses pierres (dis-je alors) ne sema point ici :
Et semble proprement, à voir ce peuple-ci,
Que Dieu n’y ait formé que la moitié du monde.

Car la dame romaine en gravité marchant,
Comme la conseillère ou femme du marchand
Ne s’y promène point, et n’y voit-on que celles

Qui se sont de la cour l’honnête nom donné :
Dont je crains quelquefois qu’en France retourné,
Autant que j’en verrai ne me ressemblent telles.

Joachim du Bellay

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