Si par peine et sueur et par fidélité

Joachim du Bellay
par Joachim du Bellay
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Sonnet XLVI.

Si par peine et sueur et par fidélité,
Par humble servitude et longue patience,
Employer corps et biens, esprit et conscience,
Et du tout mépriser sa propre utilité,

Si pour n’avoir jamais par importunité
Demandé bénéfice ou autre récompense,
On se doit enrichir, j’aurai (comme je pense)
Quelque bien à la fin, car je l’ai mérité.

Mais si par larcin avancé l’on doit être,
Par mentir, par flatter, par abuser son maître,
Et pis que tout cela faire encor bien souvent :

Je connais que je sème au rivage infertile,
Que je veux cribler l’eau, et que je bats le vent,
Et que je suis, Vineus, serviteur inutile.

Joachim du Bellay

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