Sortons, Dilliers, sortons, faisons place à l’envie
Sonnet L.
Sortons, Dilliers, sortons, faisons place à l’envie,
Et fuyons désormais ce tumulte civil,
Puisqu’on y voit priser le plus lâche et plus vil,
Et la meilleure part être la moins suivie.
Allons où la vertu et le sort nous convie,
Dussions-nous voir le Scythe ou la source du Nil,
Et nous donnons plutôt un éternel exil,
Que tacher d’un seul point l’honneur de notre vie.
Sus donques, et devant que le cruel vainqueur
De nous fasse une fable au vulgaire moqueur,
Bannissons la vertu d’un exil volontaire.
Et quoi ? ne sais-tu pas que le banni romain,
Bien qu’il fût déchassé de son peuple inhumain,
Fut pourtant adoré du barbare corsaire ?