La vache

Joseph Autran
par Joseph Autran
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Nous avions sur le pont, durant ce long voyage,
Une vache au flanc roux qui, de son pur laitage,
Abreuvait une femme et deux frêles jumeaux,
Bercés dans un hamac par le roulis des eaux.
Du vaste azur des mers partout environnée,
Elle voguait pensive, inquiète, étonnée.
Morne, elle regrettait, sur le plancher mouvant,
La terre qui jamais n’ondule sous le vent,
Les doux coteaux, le mont chargé de verts ombrages,
Et, baignés de ruisseaux, les heureux pâturages…
Après quarante jours de deuil silencieux,
D’une clameur sonore elle frappa les cieux,
Tressaillit, dilata son épaisse narine,
Et respira le vent de toute sa poitrine.
Les matelots soudain gravirent au hunier.
— « Que voit-on de là-haut ? » cria le timonier.
— « Rien, lui répondit-on ; pas de côte entrevue.
Qu’importe à l’instinct sûr qui devance la vue ?
Ô terre encore lointaine ! En son pressentiment,
Elle te saluait de ce mugissement.

Joseph Autran

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