Courrières
Lorsqu’à travers ta brume, ô plaine de Courrière,
L’ombre monte au clocher dans l’or bruni du soir,
Que s’inclinent tes blés comme pour la prière,
Et que ton marais fume, immobile encensoir ;
Quand reviennent des bords fleuris de ta rivière,
Portant le linge frais qu’a blanchi le lavoir,
Tes filles le front ceint d’un nimbe de lumière,
Je n’imagine rien de plus charmant à voir.
D’autres courent bien loin pour trouver des merveilles ;
Laissons-les s’agiter : dans leurs fiévreuses veilles,
Ils ne sentiraient pas ta tranquille beauté.
Tu suffis à mon cœur, toi qui vis mes grands-pères,
Lorsqu’ils passaient joyeux, en leurs heures prospères,
Sur ces mêmes chemins, aux mêmes soirs d’été.
Jules Breton, Les champs et la mer