400 atmosphères
Quand le groseillier qui pousse au fond des mers
Loin de tous les yeux regarde mûrir ses groseilles
Et les compare dans son cœur,
Quand l’eucalyptus des abîmes
A cinq mille mètres liquides médite un parfum sans
espoir,
Des laboureurs phosphorescents glissent vers les
moissons aquatiques,
D’autres cherchent le bonheur avec leurs paumes
mouillées
Et la couleur de leurs enfants encore opaques
Qui grandissent sans se découvrir
Entre les algues et les perles.
L’amour s’élance à travers les masses salines tombantes
Et la joie est évasive comme la mélancolie.
L’on pénètre comme à l’église sous les cascades de
ténèbres
Qui ne font écume ni bruit.
Parfois on devine que passe un nuage venu du ciel libre
Et le dirige, rênes en main, une grave enfant de la
côte.
Alors s’allument un à un les phares des profondeurs
Qui sont violemment plus noirs que la noirceur
Et tournent.