Alarme
Le regard de l’astronome Émeut au fond de la nuit
Sous le feuillage des mondes
Une étoile dans son nid,
Une étoile découverte
Dont on voit passer la tête
Au bout de ce long regard Éphémère d’un mortel
Et qui se met à chanter
La chanson des noirs espaces
Qui dévorent les lumières
Dans le gouffre solennel.
Fils d’argent, fils de platine,
Emmêlent tant l’infini
Que le rai de la rétine
Y suscite un faible bruit.
Tout ce qui mourut sur terre
Rôde humant de loin la vie,
Interrogeant les ténèbres
Où se développe l’oubli,
Et les aveugles étoiles
Dont l’orbite est dans l’espace
Fixe comme l’espérance
Et comme le désespoir.
Les poissons, les violettes,
Les alouettes, les loups,
Gardent leur volonté prête
A redescendre vers nous;
Des léopards, des pumas,
Et des tigres qui se meuvent
Dans leur brousse intérieure,
Tournent comme en une cage;
D’autres bêtes fabuleuses,
L’âme pleine de périls,
Au monde des nébuleuses
Mêlent leurs tremblants désirs.
Sous la houle universelle
Qui l’élève et le rabat
Le zénith pointe et chancelle
Comme le sommet d’un mât;
L’univers cache la
Terre
Dans la force de son cœur
Où cesse toute rumeur
Des angoisses planétaires,
Mais la
Lune qui s’approche
Pour deviner nos pensées,
Dévoilant sables et roches,
Attire à soi nos marées.