Equateur

Jules Supervielle
par Jules Supervielle
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Sous la véranda de stuc rose

Les colons jambes croisées, vêtus de blanc et de soleil,
Dans la chaleur urgente n’osent
Bouger de peur de se blesser aux rais qui coupent

[comme verre.

Des femmes que resserre un air fauve et cupide
Voient se pétrifier
Leurs gestes commencés
Parmi l’ombre torride.

De hauts cactus qui se contractent
Et sécrètent mille piquants,
Tendent leurs lèvres à la gourde Êvasive de l’heure sourde.

Enfin le soleil bas, pour la dernière fois,

Pèse sur les colonnes de la véranda

Qui s’éteignent une par une,

Sous la gamme enflammée expirante à ses doigts.

Et dans le ciel noir tout de suite,
Approchant sa tête ennemie,
La lune affreuse brûle au bout
De quatre piques de bambous.

Jules Supervielle

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