Hier et aujourd’hui
Toute la forêt attend que la statue abaisse son bras
levé.
Ce sera pour aujourd’hui.
Hier on avait pensé que ce serait peut-être pour hier.
Aujourd’hui on en est sûr, même les racines le savent
Ce sera pour aujourd’hui.
J’avance en écrasant des ombres sur la route
Et leur plainte est si faible
Qu’elle a peine à me gravir
Et s’éteint petitement avant de toucher mon oreille.
Je croise des hommes tranquilles
Qui connaissent la mer et vont vers les montagnes;
Curieux, en passant, ils soupèsent mon âme
Et me la restituent repartant sans mot dire.
Quatre chevaux de front aux crillères de nuit
Sortent d’un carrefour, le poitrail constellé.
Ils font le tour du monde
Pensant à autre chose
Et sans toucher le sol.
Les mouches les évitent.
Le cocher se croit homme et se gratte l’oreille.