Projection
Cimetière aérien, céleste poussière,
Où l’on reconnaîtrait des amis
Avec des yeux moins avares,
Cimetière aérien hanté de rues transversales,
De puissantes avenues
Et de quais d’embarquement pour âmes de toutes
tailles,
Lorsque le vent vient du ciel
J’entends le piétinement
De la vie et de la mort qui troquent leurs prisonniers
Dans tes carrefours errants.
Vous appellerai-je fantômes,
Amalgames de ténèbres
A la recherche d’un corps,
D’une mince volupté,
Vous dont les plus forts désirs
Troublent le miroir du ciel
Sans pouvoir s’y refléter,
Attendez-vous la naissance
D’une lune au bec de cygne
Ou d’une étoile en souffrance
Derrière un céleste signe,
Attendez-vous une aurore
Un soleil moins humiliants
Ou bien une petite pluie
Pour glisser, sans qu’on la voie,
Dans nos domiciles stricts
Votre âme grêle ambulante
Qu’effarouchent les vivants
Avec leur cœur attaché,
Avec leurs os cimentés sous un heureux pavillon,
Tous ces gens qui parlent fort de leur bouche colorée
Et sont fiers de leurs pensées vigilantes et fourrées,
De leur regard parcourant, sans fatigue, l’horizon.