Abel et Caïn
La terre verdissait, qui venait d’émerger
Des primitives eaux. L’antre au sombre orifice
Était, en ces jourslà, son unique édifice,
Et l’homme vagabond y pouvait héberger.
Or, deux frères vivaient : un semeur, un berger.
Ils offrirent à Dieu le premier sacrifice.
Le berger fut béni. L’autre, usant d’artifice,
L’attira sur son coeur afin de l’égorger,
La terre qui grandit dans la magnificence,
S’enivre encore, hélas ! du sang de l’innocence,
Et garde la blessure ouverte dans son sein.
Et le bien et le mal seront toujours en lutte ;
Et les derniers enfants de la dernière hutte
Seront peutêtre encore un Abel, un Caïn.
Les goutelettes