Printemps

Léopold Sédar Senghor
par Léopold Sédar Senghor
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Des nuages s’étirent, s’étirent irréels,

Entre les branches noires enlacés.

Tout l’hiver devant ma fenêtre, qui s’en va

Et la danse de lumière sur les crêtes lointaines.
Cet oiseau jamais aperçu !

Et le printemps et mon amour.

Mes yeux qui s’éclairent, mes lèvres qui éclosent,

Mon corps …
Il fait très doux et très clair.

Le monde est calme autour, en tendresse.

Oh ! un moment, rien qu’un moment de calme pour

toute souffrance.

Car Dossie pleure les cris matinaux de ses enfants.
Du monde je ne vois qu’un rectangle bleu

Strié de noir luisant.

Les branches tendent leurs bourgeons au soleil,

Lèvres ouvertes, lèvres offertes.
Je n’entends que le chant de l’ami inconnu,

Le pas monotone d’un pion

Et mon amour qui pousse dans le silence

Du printemps.

Léopold Sédar Senghor

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