Tu parles
Tu parles de ton âge, de tes fils de soie blanche.
Regarde tes mains pétales de laurier-rose, ton cou le
seul pli de la grâce.
J’aime les cendres sur tes cils tes paupières, et tes yeux
d’or mat et tes yeux
Soleil sur la rosée d’or vert, sur le gazon du matin
Tes yeux en Novembre comme la mer d’aurore autour
du Castel de Gorée.
Que de forces en leurs fonds, fortunes des caravelles,
jetées au dieu d’ébène !
J’aime tes jeunes rides, ces ombres que colore d’un
vieux rose
Ton sourire de Septembre, ces fleurs commissures de
tes yeux de ta bouche.
Tes yeux et ton sourire, les baumes de tes mains le
velours la fourrure de ton corps
Qu’ils me charment longtemps au jardin de l’Eden
Femme ambiguë, toute fureur toute douceur.
Mais au coeur de la saison froide
Quand les courbes de ton visage plus pures se
présenteront
Tes joues plus creuses, ton regard plus distant, ma
Dame
Quand de sillons seront striés, comme les champs
l’hiver, ta peau ton cou ton corps sous les fatigues
Tes mains minces diaphane, j’atteindrai le trésor de
ma quête rythmique
Et le soleil derrière la longue nuit d’angoisse
La cascade et la même mélopée, les murmures des
sources de ton âme.
Viens, la nuit coule sur les terrasses blanches, et tu
viendras
La lune caresse la mer de sa lumière de cendres
transparentes.
Au loin, reposent des étoiles sur les abîmes de la nuit
marine
L’Île s’allonge comme une voie lactée.
Mais écoute, entends-tu? les chapelets d’aboiements
qui montent du cap Manuel
Et monte du restaurant du wharf et de l’anse
Quelle musique inouïe, suave comme un rêve
Chère !….