Euphémisme
Définition
Un euphémisme est une figure de style qui consiste à atténuer l’expression de faits ou d’idées considérés comme désagréables dans le but d’adoucir la réalité. On parle aussi d’« euphémisme de bienséance » lorsqu’il y a déguisement d’idées désagréables. Il a pour antonyme l’hyperbole, ou plus rarement « dysphémisme ». Il est souvent confondu avec la litote, qui se différencie de ce dernier par l’absence de volonté de rendre un terme moins choquant.
Exemple
(André Chénier, “La jeune Tarentine”):
<<Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine.>>
Ici, elle a vécu = elle est morte.
D’autres euphémismes pour “la mort” = “elle mange les pissenlits par les racines”; “il s’est éteint”; “elle est allée voir les anges”; etc.
Au contraire d’autres figures, l’euphémisme ne met pas en œuvre de réels moyens techniques et linguistiques : on le repère par l’effet qu’il produit, et par un écart constaté avec la réalité ou l’idée masquée. La figure s’appuie principalement – et c’est là sa spécificité qui en fait un procédé fondateur de l’ironie – sur des figures dites du « voisinage » qui sont :
- la métonymie, on parle alors d’« euphémismes métonymiques » (ou « métalepse ») comme dans « Il s’est blessé à la selle » pour ne pas parler du postérieur, ou dans « Les événements de mai 68 » par métonymie avec les barricades et défilés revendicateurs.
- la périphrase, on parle alors d’« euphémismes périphrastiques », par exemple dans les expressions administratives consacrées telles : « les demandeurs d’emplois » pour « les chômeurs » ou « les personnes du troisième âge » pour « les vieux ». À noter que la périphrase peut alors s’appuyer elle-même sur une synecdoque ou une métonymie comme dans « une longue maladie » pour désigner le cancer qui appartient à une liste de maladie.
- l’emprunt d’un terme d’une autre langue : « il est dead ! » pour « il est mort » par exemple. Des mots passés dans la langue ont sûrement été incorporés en raison de la dimension d’euphémisme qu’ils apportaient à des réalités difficiles à évoquer comme pour l’expression « water-closet » abrégée en « wc » (on peut même parler d’un double euphémisme : l’emprunt puis l’acronyme).[citation nécessaire]
- la litote, on parle alors de « litote euphémique », permet de dire moins que la réalité qu’elle désigne : « il est assez fatigué » pour dire notamment « il est gravement malade ».
- l’antiphrase, on parle alors d’« euphémisme antiphrastique », comme dans l’expression grecque « Euménides » qui signifie « bienveillantes » et qui désigne les divinités de la vengeance qui terrifiaient les grecs et qui ont pour véritable nom « Erinyes ».