Ce n’est pas le vent seul…

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par Louis Bouilhet
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Ce n’est pas le vent seul, quand montent les marées,
Qui se lamente ainsi dans les goémons verts,
C’est l’éternel sanglot des races éplorées !
C’est la plainte de l’homme englouti sous les mers.

Ces débris ont vécu dans la lumière blonde ;
Avant toi, sur la terre ils ont marqué leurs pas.
Contemple avec effroi ce qui reste d’un monde,
Et d’un pied dédaigneux ne les repousse pas.

Ne les méprise pas ! Tu connaîtras toimême,
Sous ce soleil plus large étalé dans tes cieux,
Ce qu’il faut de douleur pour crier un blasphème
Et ce qu’il faut d’amour pour pardonner aux dieux !

Ne les méprise pas ! Les destins inflexibles
Ont posé la limite à tes pas mesurés ;
Vers le rayonnement des choses impassibles
Tu tendras comme nous des bras désespérés.

Tu n’es pas le dernier ! D’autres viennent encore
Qui te succéderont dans l’immense avenir ;
Toujours sur les tombeaux se lèvera l’aurore
Jusqu’au temps inconnu qui ne doit pas finir !

Les fossiles

Louis Bouilhet

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