Le Tung-whang-fung

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par Louis Bouilhet
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La fleur Ingwha, petite et pourtant des plus belles,
N’ouvre qu’à Chingtufu son calice odorant ;
Et l’oiseau Tungwhangfung est tout juste assez grand
Pour couvrir cette fleur en tendant ses deux ailes.

Et l’oiseau dit sa peine à la fleur qui sourit,
Et la fleur est de pourpre, et l’oiseau lui ressemble,
Et l’on ne sait pas trop, quand on les voit ensemble,
Si c’est la fleur qui chante, ou l’oiseau qui fleurit.

Et la fleur et l’oiseau sont nés à la même heure,
Et la même rosée avive chaque jour
Les deux époux vermeils, gonflés du même amour.
Mais quand la fleur est morte, il faut que l’oiseau meure.

Alors, sur ce rameau d’où son bonheur a fui,
On voit Pencher sa tête et se faner sa plume.
Et plus d’un jeune coeur, dont le désir s’allume,
Voudrait, aimé comme elle, expirer comme lui.

Et je tiens, quant à moi, ce récit qu’on ignore
D’un mandarin de Chine, au bouton de couleur.
La Chine est un vieux monde où l’on respecte encore
L’amour qui peut atteindre à l’âge d’une fleur.

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