Londoniennes
(extraits)
Pendant que j’allumais une autre cigarette
tu as quitté tes bas
assise au bord du lit et maintenant tu n’oses pas dans cette chambre où nous n’avons jamais dormi
lever les yeux sur moi
C’est soudain comme si le temps meurt ou s’arrête
un long alinéa
je m’approche du lit et viens te prendre entre mes bras dans cette douceur triste et qui nous engourdit
j’ai aussi peur que toi
Il y a au-dehors des rumeurs vagabondes
nous ne nous en irons que pour un autre monde
À
Londres c’est l’automne il est presque minuit
C’est vrai qu’il pleut à
Londres
et que les ponts s’ennuient
Le ciel mourant et hypocondre aux nuages noués de suie
À
Londres il pleut à
Londres paillettes de la pluie
On voyait la ville se fondre comme irréelle comme enfuie
Un peuple imprécis correspondre sous les dômes des parapluies
Nos ombres allaient se confondre dans l’ombre grise de la pluie
C’est vrai qu’il pleut à
Londres et que je t’ai suivie
Je ne crois pas te l’avoir dit
lundi mardi ou mercredi
ou quelque jour de la semaine
Et pour autant qu’il m’en souvienne tes dents blanches la bouche ouverte tu mangeais une pomme verte
J’ai rencontré dans
Fetter
Lane au bras de la sombre
Mary le fantôme de
Frankenstein
Et pour autant qu’il m’en souvienne
le jade était surnaturel
dans tes longs yeux de caramel
Il y avait aussi
Boswell
Mil ton et puis
Dickens aussi
et d’autres ombres magiciennes
Mais pour autant qu’il m’en souvienne le blanc le jade et le vert pomme je ne voyais que toi en somme
Qui réellement me surprennes
lundi mardi ou mercredi
et tous les jours de la semaine