Vers pentédécasyllabiques
À Ad. Racot.
Tous d’un vaste élan, et d’un pied hâtif, courent aux batailles,
Les frémissements de la plaine immense emplissent les airs ;
Ivre et foudroyant, le glaive vengeur, roi des funérailles,
Dépèce à la Mort le corps des vaincus, leur sang et leurs chairs.
Le canon grondant vomit des boulets ; des murs d’hommes croulent,
Les chevaux pesants, dont les pieds tonnants font le bruit des eaux
Que l’orage bat d’une aile d’éclair, s’élancent et roulent
Et dans l’horizon avec de grands cris planent des corbeaux.
Mourez ! car pour vous, sans doute, la vie eut un mauvais rêve ;
La Mort est un lit où l’on peut du moins dormir sans souci.
Plusieurs ont pensé, mais je n’en suis pas, qu’elle est une trêve
Où notre pauvre âme attend des instants meilleurs que ceuxci.
Mourez donc, mourez ! Mais nous, nous vivrons pour les belles choses,
Nature ! à nos yeux, tes charmes divins ne sont point usés,
De charmants parfums s’élèvent encor des lèvres des roses,
Et, toujours fécond, l’arbre de l’amour fleurit de baisers.
Ciel, rue et foyer