L’Abbaye

Louisa Siefert
par Louisa Siefert
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La chapelle de l’abbaye

Avait été toute envahie

D’un flot d’oisifs et de flâneurs ;

Et sur le marbre blanc des dalles,

Deux moines, traînant leurs sandales,

Guidaient à travers les dédales

Tous ces curieux promeneurs.
Devant ces royales merveilles,

Ainsi qu’un noir essaim d’abeilles,

La foule en groupes se formait.

Cependant rien n’était antique

Dans ce beau pastiche gothique,

Et pas un cercueil authentique

Sous ces grands tombeaux ne dormait
La nef alors se trouvait pleine.

Les moines au blanc froc de laine

Brusquement s’étaient écartés.

Nous errions aussi dans l’église,

A travers l’atmosphère grise,

Jetant un coup d’œil à la frise,

Un autre aux murs peints et sculptés.
Derrière la grille dorée,

A chaque côté de l’entrée

Du chœur, sous un rayon étroit

De clarté pâle et frissonnante,

Sortant de l’ombre environnante,

Jeunes, beaux, la robe traînante,

Les deux moines se tenaient droit.
Les yeux figés sous la paupière,

On eût dit des hommes de pierre,

Œuvre d’un artiste fervent.

— O moines ! dans l’humaine sphère,

Dans les devoirs que Dieu confère,

N’aviez-vous autre chose à faire

Qu’à poser en tableau vivant ?

Louisa Siefert

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