Le Banc
Lorsque je vais m’asseoir à mon banc favori,
Qu’il est tard, qu’il fait doux, que selon l’habitude
Mon petit chien me garde avec sollicitude,
Tous les songes aimés dont mon cœur s’est nourri
Reviennent à la fois peupler ma solitude.
C’est comme un bruit lointain de rires et de chants
Qui vibre encor dans ma mémoire trop fidèle ;
C’est comme un vol d’oiseaux traversant d’un coup d’aile
Les plaines, les cités, les lacs, les monts, les champs,
Et gazouillant : « Allons nous reposer près d’elle ! »
Ainsi fait le vieillard, l’hiver, au coin du feu,
Quand il écoute en lui son passé, quand, morose,
Il se souvient qu’il fut un enfant blond et rose.
Pour moi, le printemps a des fleurs, le ciel est bleu,
L’heure charmante, et c’est pourtant la même chose.
Juin 18…