À la Comète de 1861
Bel astre voyageur, hôte qui nous arrives
Des profondeurs du ciel et qu’on n’attendait pas,
Où vas-tu ? Quel dessein pousse vers nous tes pas ?
Toi qui vogues au large en cette mer sans rives,
Sur ta route, aussi loin que ton regard atteint,
N’as-tu vu comme ici que douleurs et misères ?
Dans ces mondes épars, dis ! avons-nous des frères ?
T’ont-ils chargé pour nous de leur salut lointain ?
Ah ! quand tu reviendras, peut-être de la terre
L’homme aura disparu. Du fond de ce séjour
Si son œil ne doit pas contempler ton retour,
Si ce globe épuisé s’est éteint solitaire,
Dans l’espace infini poursuivant ton chemin,
Du moins jette au passage, astre errant et rapide,
Un regard de pitié sur le théâtre vide
De tant de maux soufferts et du labeur humain.