L’allée italienne

Louise de Vilmorin
par Louise de Vilmorin
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Plus tard, par l’allée italienne,

J’irai l’après-midi, longeant les murs du temps,

Promener dans sa grâce nouvelle

L’enfant de mes soucis.
Cœur à cœur

Je lui dirai sa venue

Sans mystère en mon cœur.

Le secret de son nom par nos lèvres béni.
(Ah ! Que j’aimais ces vœux

Qui m’ont conquise et menée.

Cet œil bleu de déraison,

La mauvaise saison de cette année

Sur les plantes,

Ce front qui refusait de s’ouvrir au bonheur

Et mon bonheur de tant aimer.)
Pas à pas

Côte à côte,

Par l’allée italienne,

Mon fils et moi irons

Chantant les premiers mots de sa vie,

Le regard de son œil

Par la feuille verdie

Et, pris entre mes mains,

Ses doigts humides,

Ses mains,

Seront les fruits de mes baisers.
Enfants de mes soucis,

Enfant mort,

Enfant qui jamais ne jouera de ma vie,

Je ne tiendrai pas tes mains entre les miennes.

Je ne sentirai pas ta tête

Comme la sienne

Appuyée à mon sein,

Tu ne riras pas de moi

Comme il riait.

Je ne te verrai pas courant,

Sautant,

Ou tournant vers moi,

Bleu de déraison,

Ton bel œil sans desseins

Par l’allée italienne.
1945

Louise de Vilmorin

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