L’hirondelle
« Je n’irai plus aux bois
d’Afrique
Où dansent tous les rois
de pique. »
La dernière hirondelle
se meurt
Elle bat de ses ailes
son cœur.
Du fil télégraphique
désert
Où tremble une musique
d’hiver
Elle crie et appelle
ses sœurs :
« Au secours hirondelles
j’ai peur. »
Mais sa voix trop petite
se perd
Dans le vent qui agite
la mer.
Elle entend un message
d’amant
Passer en son plumage
mourant.
La parole est oiseau
comme elle
Qui pose au manteau
des belles.
« Ton Paul t’aime et t’adore
toujours,
Il pense à nos aurores
d’amour. »
Ah ! beau ciel de paroles
rempli
Toutes les bouches volent
la nuit.
Paupières de voyage
en pleurs
Elle prend le message
et meurt.
Orages de tendresse
l’oiseau
Se console ou se blesse
aux mots.
La dernière hirondelle
est là
Inerte sous son aile
qui bat.
Et moi je suis debout à la fenêtre
Je vois l’hirondelle à terre et pourtant
Je ne pense qu’à celui que j’attends
Celui qui m’aime et me dira peut-être :
« Viens avec moi aux bois
d’Afrique
Où dansent tous les rois
de pique. »
1939