L’hirondelle

Louise de Vilmorin
par Louise de Vilmorin
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« Je n’irai plus aux bois

d’Afrique

Où dansent tous les rois

de pique. »
La dernière hirondelle

se meurt

Elle bat de ses ailes

son cœur.

Du fil télégraphique

désert

Où tremble une musique

d’hiver

Elle crie et appelle

ses sœurs :

« Au secours hirondelles

j’ai peur. »

Mais sa voix trop petite

se perd

Dans le vent qui agite

la mer.

Elle entend un message

d’amant

Passer en son plumage

mourant.

La parole est oiseau

comme elle

Qui pose au manteau

des belles.

« Ton Paul t’aime et t’adore

toujours,

Il pense à nos aurores

d’amour. »

Ah ! beau ciel de paroles

rempli

Toutes les bouches volent

la nuit.

Paupières de voyage

en pleurs

Elle prend le message

et meurt.

Orages de tendresse

l’oiseau

Se console ou se blesse

aux mots.

La dernière hirondelle

est là

Inerte sous son aile

qui bat.
Et moi je suis debout à la fenêtre

Je vois l’hirondelle à terre et pourtant

Je ne pense qu’à celui que j’attends

Celui qui m’aime et me dira peut-être :
« Viens avec moi aux bois

d’Afrique

Où dansent tous les rois

de pique. »
1939

Louise de Vilmorin

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