Solitude, ô mon éléphant
Je ne suis plus là pour personne,
Ô solitude ! Ô mon destin !
Sois ma chaleur quand je frissonne,
Tous mes flambeaux se sont éteints.
Tous mes flambeaux se sont éteints,
Je ne suis plus là pour personne
Et j’ai déchiré ce matin
Les cartes du jeu de maldonne.
Solitude, ô mon éléphant,
De ton pas de vague marine
Berce-moi, je suis ton enfant,
Solitude, ô mon éléphant.
Couleur de cendres sarrasines,
Le chagrin me cerne de près,
Emmène-moi dans la forêt
Dont les larmes sont de résine.
Si j’évite la mort, c’est que je veux pleurer
Tout ce qui me fut proche et ce qui m’a leurré.
Allons dans la forêt sous la sombre mantille
Que trame de tout temps la vertu des aiguilles.
Je ne veux plus revoir dans l’océan du ciel
La lune voyager en sa blondeur de miel,
Ni sa barque en croissant me priver d’une idylle
Qu’elle emporte à son bord parmi d’autres cent mille !
1972