Berger tant rempli de finesse
Berger tant rempli de finesse,
Contentez-vous d’être inconstant,
Sans accuser votre maîtresse
D’un péché que vous aimez tant.
La nouveauté qui vous commande,
Vous fait à toute heure changer :
Mais ce n’est pas perte fort grande
De perdre un ami si léger.
Si vous eussiez eu souvenance
De l’œil par le vôtre adoré,
En dépit de votre inconstance,
Constant vous fussiez demeuré.
Mais vous n’étiez à six pas d’elle
Que votre cœur s’en retira.
Nous verrons, monsieur le Fidèle,
Qui premier s’en repentira.
Ces pleurs et ces plaintes cuisantes
Dont tout le ciel elle enflammait,
C’étaient des preuves suffisantes
Pour montrer qu’elle vous aimait.
Mais vous, plein d’inconstance extrême,
Oubliâtes pleurs et amour.
Donc, si Rosette en fait de même,
Ce n’est qu’à beau jeu beau retour.
Cette si constante et si belle
Que vos propos vont décevant,
S’elle arrête votre cervelle
Peut aussi arrêter le vent.
Mais je ne poste point d’envie
Au bien que par vous elle aura :
C’est elle, je gage ma vie,
Qui premier s’en repentira.