Les plaisirs du dimanche
Vive, vive le dimanche !
Vieil enfant du Carnaval
De la gaieté la plus franche
Ce beau jour donne le signal.
Jeunes et vieux de leur demeure
S’empressent de déloger,
Et le même instant sonne l’heure
De la messe et du berger.
Vive, vive le dimanche !
Vieil enfant du Carnaval,
De la gaieté la plus franche
Ce beau jour donne le signal.
Réunis en grande famille,
Ce jourlà, nos bons lurons
Vont chanceler à la Courtille
Et tomber aux Porcherons.
Vive, vive le dimanche !
Vieil enfant du Carnaval,
De la gaieté la plus franche
Ce beau jour donne le signal.
Javotte, désertant la halle,
Court étaler à Clichy
Son déshabillé de percale
Que la veille elle a blanchi.
Vive, vive le dimanche !
Vieil enfant du Carnaval,
De la gaieté la plus franche
Ce beau jour donne le signal.
L’ouvrier promène sa femme
Du BonCoin au Soleild’Or,
Du Soleild’Or au mélodrame,
Où le couple heureux s’endort.
Vive, vive le dimanche !
Vieil enfant du Carnaval,
De la gaieté la plus franche
Ce beau jour donne le signal.
Le laquais, dédaignant sa veste,
Se déguise en habit neuf ;
Et l’homme de bien, plus modeste,
Brosse son habit d’Elbeuf.
Vive, vive le dimanche !
Vieil enfant du Carnaval,
De la gaieté la plus franche
Ce beau jour donne le signal.
Le marchand, muni d’une assiette
Et d’un petit vin nouveau,
Pour déjeuner à la Muette,
Porte une langue de veau.
Vive, vive le dimanche !
Vieil enfant du Carnaval,
De la gaieté la plus franche
Ce beau jour donne le signal.
A l’église on voit la grisette
Prier Dieu dévotement,
Pour que le beau temps lui permette
D’aller trouver son amant.
Vive, vive le dimanche !
Vieil enfant du Carnaval,
De la gaieté la plus franche
Ce beau jour donne le signal.
Le commis au tendron qu’il aime
Dépêche un billet galant ;
Et l’écolier fait de son thème
L’oreille d’un cerfvolant.
Vive, vive le dimanche !
Vieil enfant du Carnaval,
De la gaieté la plus franche
Ce beau jour donne le signal.
À chaque porte de la ville
Le chagrin est consigné,
Et le débiteur, plus tranquille,
Ne craint pas d’être assigné.
Vive, vive le dimanche !
Vieil enfant du Carnaval,
De la gaieté la plus franche
Ce beau jour donne le signal.
Si quelquefois l’ennui conspire
Contre un désordre aussi beau,
Un refrain combat son empire,
Et le vin est son tombeau.
Vive, vive le dimanche !
Vieil enfant du Carnaval,
De la gaieté la plus franche
Ce beau jour donne le signal.