Sonnet sur la moisson d’un lieu proche de Paris
Plaisirs d’un noble ami qui sait chérir ma veine,
Mélanges gracieux de prés et de guérets,
Rustique amphithéâtre où de sombres forêts
S’élèvent chef sur chef pour voir couler la Seine.
Délices de la vue, aimable et riche plaine !
On s’en va mettre à bas les trésors de Cérès,
Que l’on voit ondoyer comme un vaste marets
Quand il est agité d’une légère haleine.
L’or tombe sous le fer ; déjà les moissonneurs,
Dépouillant les sillons de leurs jaunes honneurs,
La désolation rendent et gaie et belle.
L’utile cruauté travaille au bien de tous,
Et notre oeil satisfait semble dire à Cybèle :
Plus le ravage est grand, plus je le trouve doux.