Si l’amour ne paraît à mes désirs constant
Si l’amour ne paraît à mes désirs constant,
Il n’en faut s’étonner. Le monde est variable,
Toute chose icibas est mouvante et muable,
Tout se change et rechange en un même instant.
Il n’est rien qui ne soit gouverné par le vent.
Le seul vent nous dispose, et au lit nous accable ;
Du vent nous recevons le beau temps désirable,
Et la fâcheuse pluie encores plus souvent.
Si doncques le vent prompt nous régit à toute heure,
Si l’on a toujours l’oeil sur sa frêle demeure,
Comme ayant biens et maux par sa légèreté
(Qui ne vient aux humains comme elle est demandée),
C’est donc folie, amis, d’espérer fermeté,
Puisque notre espérance est sur un vent fondée.
Les Amours de Théophile