Clémentine
Distraite et malheureuse,
Sur un bouquet de fleurs
Une fille rêveuse
Laissait tomber des pleurs ;
Un timide sourire
Dans ses pleurs se glissa ;
Mais un triste délire
A son tour l’effaça.
« Au sein de Clémentine,
Brûlé d’un fol amour,
Douce fleur d’églantine,
Tu n’as brillé qu’un jour :
Ta courte destinée
Vient m’annoncer mon sort
Un seul jour dans l’année,
Pour l’Amour et la Mort.
Vers la froide Angleterre
Quand le bonheur fuira,
Toutes deux, sur la terre,
On nous retrouvera ;
Symbole de souffrance,
Et gage de pardon,
Meurs avec l’imprudence
Qui troubla ma raison.
Adieu, mère chérie !
Le ciel a vu vos pleurs ;
Je suis calme et guérie,
Couronnez-moi de fleurs.
Des anges en prière
J’entends les chants pieux ;
Leur voix pure et légère
M’appelle dans les cieux. »
Du monastère antique
C’étaient les saints concerts :
L’orgue mélancolique
Gémissait dans les airs.
A la mort résignée,
La vierge y vint un jour…
L’Ange de l’hyménée
La rendit à l’Amour.