L’étrangère

Marceline Desbordes-Valmore
par Marceline Desbordes-Valmore
0 vues
0.0

Ah ! que le monde est difficile !
Hélas ! il n’est pas fait pour moi.
Ma sœur, en ton obscur asile,
J’étais plus heureuse avec toi.
On m’appelle ici l’étrangère ;
C’est le nom de qui n’a point d’or.
Si je ris, je suis trop légère ;
Si je rêve… on en parle encor.

Si je mêle à ma chevelure
La fleur que j’aimais dans nos bois,
Je suis, dit-on, dans ma parure,
Timide et coquette à la fois ;
Puis-je ne pas la trouver belle ?
Le printemps en a fait mon bien :
Pour me parer je n’avais qu’elle ;
On l’effeuille, et je n’ai plus rien.

Je sors de cet âge paisible,
Où l’on joue avec le malheur :
Je m’éveille, je suis sensible,
Et je l’apprends par la douleur.
Un seul être à moi s’intéresse ;
Il n’a rien dit, mais je le vois ;
Et je vois même, à sa tristesse,
Qu’il est étranger comme moi.

Ah ! si son regard plein de charmes
Recèle un doux rayon d’espoir,
Quelle main essuiera les larmes
Qui m’empêchent de l’entrevoir ?
Soumise au monde qui m’observe,
Je dois mourir, jamais pleurer ;
Et je n’use qu’avec réserve
Du triste espoir de soupirer !

Marceline Desbordes-Valmore

Qu’en pensez-vous ?

Partagez votre ressenti pour Marceline Desbordes-Valmore

Noter cette création
1 Étoile2 Étoiles3 Étoiles4 Étoiles5 Étoiles Aucune note
Commenter

Les poèmes sont des trésors cachés. Partagez les vôtres, comme Éluard partageait ses rêves.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


Découvrez d'autres poèmes de Marceline Desbordes-Valmore

Aucun poème populaire trouvé ces 7 derniers jours.

Nouveau sur LaPoesie.org ?

Première fois sur LaPoesie.org ?


Rejoignez le plus grand groupe d’écriture de poésie en ligne, améliorez votre art, créez une base de fans et découvrez la meilleure poésie de notre génération.