La cendre
De la sorte — parlant par la voix du Curé —
La cendre de l’âtre interpelle
La chambrière antique à l’air dur et madré
Qui vient la prendre avec sa pelle :
« Épargne-moi donc, bonne vieille !
Ne va pas encore me noyer,
Laisse-moi dans ce grand foyer
Où si doucement je sommeille.
Tu ne verras pas rougeoyer
Toujours la lumière vermeille.
En terre obscure, à poudroyer,
Un jour, tu seras ma pareille.
Voici que ton âge succombe ;
Nous allons être sœurs ainsi :
Moi, je serai poussière ici,
Et toi, poussière dans la tombe. »
La vieille qui croit plus encor
À l’existence qu’à la mort,
Lui répond, tremblante et poussive :
« Poussière et cend’ ? tant q’tu voudras
Quand je n’blanchirai plus mes draps…
En attendant, fais ma lessive ! »