A ma soeur Marie

Max Elskamp
par Max Elskamp
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Ma Soeur Marie, Ma Soeur Marie,
Et qui m’avez aussi quitté,

Comme souriait à la vie
Un dimanche d’aprèsdîné,

Alors qu’avril, lumière luie,
Telle d’un adventice été,

Et lilas branches refleuries
Chantaient dans l’air printemps qui naît,

Ma Soeur Marie, Ma Soeur Marie,
Et qui m’avez alors quitté.

Ma Soeur Marie, Ma Soeur Marie,
Qui souriiez triste à la vie,

Ma Soeur qui aviez trop rêvé
Aux grands ciels bleus du paradis

Et de ne l’avoir approché,
Gardiez en vous un coeur contrit,

Ma soeur parfois et qui riiez,
Mais plus souvent avez pleuré,

Ma soeur qui n’avez pas trouvé
Le bonheur que vous attendiez.

*

Ma soeur alors un peu déçue,
Qui avez su les jours de pluie,

Mais n’avez eu la part élue
Qui donne au coeur foi dans la vie,

Ma Soeur dont les yeux étaient gris,
C’était en eux votre âme luie,

Et comme un miroir sans secret,
Vous disant douce, sûre et vraie,

Dans une tendresse alanguie,
Où parlait tout bas le regret.

*

Ma Soeur souvent qui revenez
Dans les nuits qui nous font croyance,

Des rêves en soi que l’on fait,
Ma Soeur alors qui revenez,

Vous souvientil de notre enfance
Làbas dans la maison aimée,

Quand c’était vous en robe blanche
Et comme une vierge parée,

Qui les écoutiez, les dimanches,
À SaintPaul, les heures sonner?

Ma Soeur vous souvientil encor
Des roses que tant vous aimiez,

Quand au printemps, le soleil d’or
Dans notre jardin descendait,

Faisant clarté sur toutes choses
Après les grands hivers moroses

De brume, de vent et de froid,
Dont le fleuve disait l’émoi,

Ma Soeur vous souvientil encor
Des roses lors que vous cueilliez ?

*

Ma Soeur Marie, Ma Soeur Marie,
Après, ce fut vous dans la vie,

Où les jours viennent, les jours passent,
Faisant coeur lourd ou l’âme lasse,

Quand le bonheur qu’on a rêvé
N’a pas été, las ! approché,

Et vous n’avez pu l’oublier,
Ma Soeur Marie, Ma Soeur Marie,

Et d’avril une aprèsdîné,
Ma Soeur, vous nous avez quitté.

*

Ma Sceur à présent qui dormez,
Làbas, à côté de mon père,

Au long des jours qu’ont les années
Dites de printemps ou d’hiver,

Ma Soeur làbas qui m’attendez,
Dans la nuit noire de la terre,

Pour être un jour à vos côtés
Lorsque mon heure aura sonné,

Ma Soeur Marie, Ma Soeur aimée,
Vous aussi qui avez souffert,

Ce sera nous lors comme avant
Réunis, mais dans le sommeil,

Et dans la paix que l’on attend
Après sa vie sous le soleil.

La chanson de la rue Saint-Paul

Max Elskamp

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