Puis rue qui s’en va …
Puis rue qui s’en va
Chercher les bassins,
Bouges, galetas,
Où vont les marins,
Maisons à rideaux
Baissés mais qui bougent,
Filtrant un jour clos
De lumière rouge,
C’est filles anglaises
Occupées à boire,
Vêtant pour aimer
Des maillots de moire,
Dans le jour qui pèse
Dehors et si lourd,
Dans le soir d’été
Qui vendent l’amour.
Mais liqueurs au choix
Lors comme la chair,
Aquavit danois,
Anis grec amer,
Whiskey irlandais,
Rhum américain,
Saké japonais,
Opium indien,
Et glaces mirant
En jaune et en noir
Les cuivres luisants
Au dos du comptoir,
Femmes et qui causent
Les épaules nues,
Ou bien se reposent
En long étendues,
Bagues à leurs mains,
Rêvant mal ou pire,
Ou trouvant leur bien
Enfin à dormir.
Lors temps qui s’espace
Dit en heures lentes,
Et jour qui se passe
Ici dans l’attente,
Yeux comme une rampe
Les suivant les murs,
Et sur des estampes
Qui s’arrêtent durs :
On voit le Vésuve
En feu qui se pâme,
Ainsi qu’une cuve
D’enfer et de flammes,
Et rouge et carmin
Plus loin appendu,
Le pont de Brooklyn
Dans l’air suspendu.
La chanson de la rue Saint-Paul