La branche d’alisier chantant
Je l’ai tout à fait désapprise
La berceuse au rythme flottant,
Qu’effeuille, par les soirs de brise,
La branche d’alisier chantant.
Du rameau qu’un souffle balance,
La miraculeuse chanson,
Au souvenir de mon enfance,
A communiqué son frisson.
La musique de l’air, sans rime,
Glisse en mon rêve, et, bien souvent,
Je cherche à noter ce qu’exprime
Le chant de la feuille et du vent.
J’attends que la brise reprenne
La note où tremble un doux passé,
Pour que mon coeur, malgré sa peine,
Un jour, une heure en soit bercé.
Nul écho ne me la renvoie,
La berceuse de l’autre jour,
Ni les collines de la joie,
Ni les collines de l’amour.
La branche éolienne est morte ;
Et les rythmes mystérieux
Que le vent soupire à ma porte,
Gonflent le coeur, mouillent les yeux.
Le poète en mélancolie
Pleure de n’être plus enfant,
Pour ouïr ta chanson jolie,
Ô branche d’alisier chantant !
Recueil : Patrie intime