La chapelle des miracles
Pour couvrir d’ornements divers
Les nefs, les chœurs, les tabernacles,
Les murs, les voûtes, les pinacles
De la chapelle des miracles,
Cherchez par l’immense univers
Les plus brillantes draperies
Et les moires et les soiries
Radieuses de pierreries.
Avec les vases corinthiens
Tout pleins de lys et de pervenches ;
Avec les statuettes blanches
Et les chandeliers à sept branches,
Apportez les Rubens anciens,
Les ivoires des basiliques,
Les carrares, les pentéliques
Des Buonarottis catholiques.
Apportez-nous, à pleine main,
Avec les pourpres byzantines,
Tout l’or des châsses florentines,
Tout l’argent des cryptes latines.
Qu’un Apollodore romain
Forge et cisèle une couronne
Digne, ô glorieuse Patronne,
Du triple éclat qui t’environne.
Qu’un artiste dans les vieux ors
Enchâsse la flamme profonde
Des plus belles perles de l’onde
Et les plus beaux saphirs du monde.
Tous ces joyaux, tous ces trésors
Ne relègueront pas dans l’ombre
Ces tristes ex-voto sans nombre
Qui chargent la muraille sombre.
Ce naïf décor éploré,
Reliques des pauvres malades,
Dans le triomphe des arcades,
Parmi les fleurs des colonnades.
Dominant le plain-chant sacré
Des Athanase et des Grégoire,
Chantent l’inénarrable histoire,
La grande légende de gloire.
De la sainte Anne de Beaupré.