Stances à Molière
(Sur sa comédie L’école des femmes.)
En vain mille jaloux esprits,
Molière, osent avec mépris
Censurer ton plus bel ouvrage :
Sa charmante naïveté
S’en va pour jamais, d’âge en âge,
Divertir la postérité.
Que tu ris agréablement !
Que tu badines savamment !
Celui qui sut vaincre Numance,
Qui mit Cartilage sous sa loi,
Jadis sous le nom de Térence,
Sut-il mieux badiner que toi ?
Ta muse avec utilité
Dit plaisamment la vérité ;
Chacun profite à ton École :
Tout en est beau, tout en est bon ;
Et ta plus burlesque parole
Vaut souvent un docte sermon.
Laisse gronder tes envieux :
Ils ont beau crier en tous lieux
Qu’en vain tu charmes le vulgaire,
Que tes vers n’ont rien de plaisant.
Si tu savais un peu moins plaire,
Tu ne leur déplairais pas tant.