Esprit, dès le berceau dans le ciel emporté
Esprit, dès le berceau dans le ciel emporté,
Qui dédaignes l’éclat des choses moins durables,
Et toujours t’arrêtant aux desseins honorables,
Ne t’es jamais soumis à nulle vanité ;
Sujet à la raison, tu vis en liberté ;
Tant de vaines grandeurs, aux autres admirables,
Tant de plaisirs pipeurs, tant d’honneurs misérables,
N’ont jamais pu toucher tes ans ni ta beauté.
Le plaisir de nos jours, qui sans cesse varie,
Est semblable aux couleurs d’une plaine fleurie,
Qu’on voit après six mois en neiges se tourner ;
Mais nos saintes amours sont hors de la nature,
Le Ciel et la Vertu seront leur sépulture ;
Car jamais les saisons ne les pourront borner.