De L’Ennui a L’Amour
Est-elle sortie
Elle est chez elle
Sa maison est ouverte
Jusqu’à leur abolition naturelle
Il y a des différences plus séduisantes
Entre un poing et une cloche
Entre une pierre et une rose
Entre la prison et l’air libre
Qu’entre le poisson et la mer
Le cerf et le vent
L’homme et la femme
Mon élément malgré les charmes du dehors
J’entre tout s’assombrit
Buisson des métamorphoses
Le lit teinté d’étoiles s’étend
Comme un automne de brebis
Descendant vers les brumes de ma solitude
J’ai toujours eu peur du silence
Il y naît des rires sans raison
Machines machinales aux roseaux de cambouis aux
frissons figés
L’écœurant métal doux
Plus stérile que la cendre
Face aux rideaux apprêtés
Le lit défait vivant et nu
Redoutable oriflamme
Son vol tranchant Éteint les jours franchit les nuits
Redoutable oriflamme
Contrée presque déserte
Presque
Car taillée de toutes pièces pour le sommeil et l’amour
Tu es debout auprès du lit
Je t’aime et je dors avec toi Écoute-moi.
Paul Eluard
Amour