Le Front Couvert

Paul Eluard
par Paul Eluard
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Le battement de l’horloge comme une arme

La cheminée émue où se pâme la cime

D’un arbre dernier éclairé
brisée
L’habituel vase clos des désastres

Des mauvais rêves

Je fais corps avec eux
Des ruines de l’horloge

Sort un animal abrupt désespoir du cavalier

A l’aube doublera

Pécrevisse clouée

Sur la porte de ce refuge
Un jour de plus j’étais sauvé
On ne me brisait pas les doigts
Ni le rouge ni le jaune ni le blanc ni le nègre
On me laissait même la femme
Pour distinguer entre les hommes
On m’abandonnait au dehors

Sur un navire de délices
Vers des pays qui sont

Jes miens

Parce que je ne les connais pas
Un jour de plus je respirais naïvement

Une mer et des cieux volatils

J’éclipsais de ma silhouette

Le soleil qui m’aurait suivi
Ici j’ai ma part de ténèbres
Chambre secrète sans serrure sans espoir
Je remonte le temps jusqu’aux pires absences
Combien de nuits soudain
Sans confiance sans un beau jour sans horizon
Quelle gerbe rognée
Un grand froid de corail
Ombre du cœur
Ternit mes yeux qui s’entr’ouvrent
Sans donner prise au matin fraternel
Je ne veux plus dormir seul

Je ne veux plus m’éveiller

Perclus de sommeil et de rêves

Sans reconnaître la lumière

Et la vie au premier instant.

Paul Eluard

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