Le Sablier Vide
Offerte au renard parti depuis longtemps
Par les rues encombrées
Reprenant
Ce qu’elle avait donné de plus précieux
Le sang ne tachait plus jamais sa robe
Il y eut plusieurs de ses amis pour le remarquer
Des fleurs pareilles à des souliers
Dans la montagne
Faisant corps avec les roches tendres
Ou bien dans les bois de grande chasse
Dans les buissons proposés aux lumières
Comme un os à la gueule éblouissante des chiens
Une toute petite maison cartilage
Fascinait encore quelques crocs nouveaux
Tendus vers la première proie
Au milieu de la salle d’honneur désaffectée
De grands bambins croissaient
Encouragés par leurs nourrices et leurs mamans
Des saintes obscènes
Ils ressemblaient à des dindons géants
Leurs coquilles natales à leurs pieds
Les tulipes des cafés se fanaient
Je répète qu’il était huit heures du matin
Une heure à s’en aller par les rues maintenant vides
Comme des cendriers propres.
Paul Eluard