Été

Paul Valéry
par Paul Valéry
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À Francis Vielé-Griffin.

Été, roche d’air pur, et toi, ardente ruche,

Ô mer! Éparpillée en mille mouches sur

Les touffes d’une chair fraîche comme une cruche,

Et jusque dans la bouche où bourdonne l’azur;
Et toi, maison brûlante, Espace, cher Espace

Tranquille, où l’arbre fume et perd quelques oiseaux,

Où crève infiniment la rumeur de la masse

De la mer, de la marche et des troupes des eaux,
Tonnes d’odeurs, grands ronds par les races heureuses

Sur le golfe qui mange et qui monte au soleil,

Nids purs, écluses d’herbe, ombres des vagues creuses,

Bercez l’enfant ravie en un poreux sommeil!
Dont les jambes (mais l’une est fraîche et se dénoue

De la plus rose), les épaules, le sein dur,

Le bras qui se mélange à l’écumeuse joue

Brillent abandonnés autour du vase obscur
Où filtrent les grands bruits pleins de bêtes puisées

Dans les cages de feuille et les mailles de mer

Par les moulins marins et les huttes rosées

Du jour… Toute la peau dore les treilles d’air.

Paul Valéry

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